Le 11 décembre 1832, George Sand rejoint les jeunes auteurs de la Revue des Deux Mondes et signe son premier contrat avec François Buloz, son directeur, propriétaire d'une maison en Savoie. Leur histoire peut commencer. Une histoire tumultueuse sur fond de transactions financières et de combat politique, une histoire complexe et ambiguë faite de passion et de trahisons, d'affection et de répulsion.
"Bonjour, chez Buloz, vous m'appelez tigresse d'Arménie, c'est une faute d'impression sans doute car le mot classique est Hyrcanie, l'Arménie n'a jamais été, que je sache, renommée pour des tigres, mais peut-être qu'on y trouve des éditeurs. Vraiment, mon cher Buloz, vous avez bien de l'esprit depuis quelques temps, et je vous trouve léger ! Vous devenez ambitieux aussi, vous avez la prétention de comprendre ce que vous éditez... Je ferai des pièces pour le Théâtre Français quand vous aurez perdu votre place, car vous êtes trop difficile. Embrassez Christine pour moi, je la plains d'être l'épouse d'un chacal d'Etuvie. Il y a autant de chacals de Etuvie que de tigresses en Arménie." [George Sand, Nohant, juin 1839]
"Ma lettre vous a piquée, mon cher George, tant mieux... Je vous dirai d'abord que j'accepte bien franchement la leçon classique que vous me faites à propos des mots tigresse d'Arménie. J'ai fait une balourdise, il est vrai, c'est un souvenir presque effacé de Virgile, qui m'a fait mettre Arménie pour Hyrcanie. Mais je suis plus vieux que vous, j'ai la mémoire moins sûre, vous avez des souvenirs plus frais de l'épopée latine ; cependant je vous ferai observer, et cela sans malice, que vous avez pris quinze jours pour rafraîchir votre mémoire... J'en viens à ce que vous me dites, que vous attendez que j'aie perdu ma place pour écrire une pièce... Mettez vous donc à l'œuvre, faites un Hamlet ou un Othello, et ma démission est au bout... Je garderai tout, ou je céderai tout. Tout à vous donc, tigresse d'Hyrcanie." [Buloz, Paris, juin 1839]
Edition Comp'Act
En avril 1861, après une longue brouille, George Sand rend visite à son éditeur. A l'occasion de ce périple, elle revient sur les pas de Jean-Jacques Rousseau aux Charmettes, découvre le château de Bourdeau où elle situera l'action de son roman Mademoiselle La Quintinie, qu'elle publie, soutenue par le directeur de la Revue des Deux Mondes.